Pourquoi et comment j’ai démissionné de l’Education Nationale (et ne l’ai jamais regretté)

Mis à jour le 29/01/2024

Comme vous pourrez le voir dans ma bio, je suis actuellement développeuse. Mais avant ça, j’étais professeur d’anglais dans l’Education Nationale. J’ai enseigné pendant 2 ans, de 2014 à 2016, et au vu du titre de cet article vous pouvez imaginer que cela a été une expérience plutôt mitigée. Je vous partage ici mon témoignage et je vous explique pourquoi j’ai décidé de démissionner de l’Education Nationale.

Je fais ceci dans un objectif de partage et d’entraide car je me souviens m’être sentie bien seule durant ces deux années de galère quand je recherchais des témoignages de profs comme moi qui doutaient de leur choix de carrière. Mon parcours n’est en rien un modèle mais si mon expérience peut aider ou rassurer certains d’entre vous, je pourrai considérer que je n’ai pas du temps perdu. Vous pouvez aussi aller voir mon article dédiée à la reconversion si vous êtes déjà certain de vouloir démissionner. J’ai également rédigé ce petit article rétrospectif pour partager où j’en suis aujourd’hui : bilan 6 ans après ma reconversion de l’Education Nationale.

Je vous laisse une petite tables des matières pour parcourir l’article plus facilement. Si vous souhaitez me contacter, vous trouverai un formulaire en bas de l’article. Je reçois régulièrement des messages de profs et j’y réponds systématiquement. Bonne lecture !

→ Pourquoi choisir le métier de prof ?
→ Le CAPES, une vaste mascarade
→ 1ère rentrée en lycée
→ La discipline sinon rien
→ Mutations : la désillusion
→ 2ème année d’enseignement : le burnout
→ Le début de la fin
→ Une inspection catastrophique
→ Un vent de renouveau
→ Avantages et inconvénients du métier de professeur
→ Démissionner ? Vous n’y songez pas mademoiselle !
→ Le rectorat : Poudlard sans la magie
→ Dernier entretien avant la démission officielle
→ Comment fait-on pour démissionner de l’Education Nationale ?
→ Ce que je retiens néanmoins

Pourquoi avoir choisi le métier de prof ?

J’ai toujours aimé l’anglais, quand j’ai commencé à apprendre cette matière au collège j’ai su que c’était ma matière. J’adorais et par conséquent j’étais douée. J’ai ensuite passé un bac L mention européenne en prenant toujours les options anglais renforcé pour faire un combo parfait.

Après le bac j’ai eu la chance de pouvoir partir un an aux Etats-Unis avec ma mère qui avait obtenu un poste d’institutrice dans une école bilingue anglais-français vers Seattle. Ça a été une année extrêmement riche en apprentissages et qui m’a permis de revenir bilingue, voilà qui était fait. Qu’est-ce que je pouvais bien faire avec une compétence comme celle-là ?

J’ai choisi la solution évidente pour moi : fac d’anglais, licence LLCE (Lettres, Langues et Civilisations Etrangères), je verrai après vers quoi me tourner plus précisément.

Licence en poche, et bien habituée au rythme plus que cool de la fac avec mes 15h de cours par semaine (j’avais la chance de ne pas avoir à travailler à côté pour payer mes études) qu’est ce que je pouvais bien faire ensuite ? Un master bien sûr ! Me voilà donc partie pour deux ans de master MEEF anglais second degré à l’ESPE (anciennement l’IUFM) pour devenir prof d’anglais faute d’inspiration ou de vocation pour faire autre chose. Et après tout pourquoi pas ?

  1. J’aime l’anglais
  2. L’enseigner est le moyen parfait de partager ma passion
  3. Je vais pouvoir parler anglais tous les jours dans mon métier
  4. C’est un moyen de combiner mes compétences et la sécurité de l’emploi

(spoiler alert : ce ne sont pas de bonnes raisons pour devenir prof).

Le CAPES, une vaste mascarade

J’ai eu des professeurs extra à la fac et à l’ESPE, ils nous ont extrêmement bien préparés au CAPES (le concours permettant d’entrer à l’Education Nationale, que j’appelerai EN pour la suite de l’article).

Pour avoir ce concours, tout l’art consiste à savoir rentrer dans le moule. On vous demande de répondre à la question en 3 parties ? Vous répondez à la question en 3 parties bordel ! Pas de place pour les originaux et ceux qui posent trop de questions, on ne vous demande pas de réfléchir on vous demande de montrer que vous savez vous conformer au dogme et que vous êtes docile.

C’est ce que j’ai fait et ça a marché, j’ai dû finir dans les 500ème sur un peu plus de 900 candidats. Une performance loin d’être notable mais au fond ça ne change rien. Les premiers du classement se sont retrouvés en région parisienne ou dans des mauvais collèges comme les autres.

Des barres d’admission au ras des paquerettes

En 2014 il y avait 1000 postes à pourvoir an anglais en France. Avec environ 900 admis, cela fait donc une petite centaine de postes qui n’ont pas été pourvus en anglais faute de candidats assez bons. Mais quand on sait que la moyenne des écrits pour être admissible aux oraux en 2014 était de 5,73/20 et qu’on pouvait donc avoir son CAPES d’anglais avec 6,76/20 aux oraux, on peut se dire que le terme « assez bon » est relatif.

Si un prof peut enseigner en ayant obtenu 7/20 au concours c’est, soit que le système de notation est à remettre en cause, soit qu’il y a une telle pénurie de profs qu’ils sont obligés de baisser le niveau d’exigence. Sachant que cela fait au moins 20 ans que les moyennes d’admission sont autour de 6,5/20, je pencherais pour la première option.

A noter qu’en 2014 nous étions la première génération à passer le CAPES après un master 1 seulement et non plus un master 2. La pénurie de profs était telle que l’EN était prête à mettre des profs stagiaires non formés sur le terrain au plus vite plutôt que d’attendre un an de plus qu’ils aient fini leur formation. On colmate les brèches comme on peut…

D’ailleurs, une petite expérience a été menée par Envoyé Spécial pour voir dans quelles conditions l’Education Nationale embauche des contractuels pour combler les postes non pourvus en région parisienne et c’est assez édifiant.

Le dernier livre de William Lafleur (alias Monsieur le Prof) justement intitulé l’ex plus beau métier du monde, n’a fait que confirmer que l’état de l’EN et des recrutements de vacataires ne s’est pas arrangé depuis que je suis partie depuis bientôt 10 ans.

Première rentrée en lycée

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Mon médiocre CAPES en poche, j’entame un master 2 qui est donc une alternance de cours et de stage sur le terrain.

Entre la préparation des cours, les devoirs donnés par nos profs de l’ESPE, les entretiens de suivi avec nos tuteurs et la rédaction d’un mémoire de fin d’études, c’est une année chargée. En cours, nous apprenons à créer nos séquences, à respecter les programmes/le dogme, à appliquer la pédagogie différenciée, à choisir des documents et à les exploiter de façon pédagogique.

Nos profs sont très compétents et l’on progresse beaucoup. Ils nous organisent même une petite semaine de cours avant la rentrée pour nous briefer et nous mettre en confiance avant de faire notre premier cours devant de vrais élèves. Ces mêmes élèves qui ne se douteront pas qu’on n’a jamais été seuls devant 35 adolescents et qu’on n’a aucune idée de ce qu’on est train de faire. Cette semaine de préparation, on l’a eu uniquement parce que nos formateurs de l’ESPE étaient consciencieux et voulaient qu’on s’en sorte face à de vraies classes. Cette semaine ne faisait pas partie du cursus officiel…

Car oui, connaître les programmes c’est bien beau, savoir créer un cours c’est utile, mais ce qui n’est que rarement évoqué pendant notre formation c’est que nous allons être devant des vrais élèves qui n’ont absolument rien à faire de notre cours bien structuré et de nos grandes idées de partage de savoir.

On nous briefe en nous disant que, en gros, on n’a pas le droit à l’erreur le jour de la rentrée. Il faut être super strict. Il faut avoir une discipline impeccable dès le premier contact avec les élèves si on ne veut pas que ce soit le bordel dans nos classes au bout d’une semaine. On nous a même conseillé de ne pas sourire avant Noël !

Ne pas lâcher la pression trop tôt sous peine de perdre le contrôle, ne se détendre qu’une fois qu’ils ont compris qu’on n’était pas là pour rigoler. Tout ceci me paraît extrêmement ennuyeux et exagéré. En fait, je suis en formation pour être gardienne de prison, on m’aurait menti ?

Le jour de la rentrée arrive et je suis évidémment hyper stressée. Mais j’ai de la chance, j’effectue mon stage dans un lycée plutôt calme et huppé pas loin de Clermont-Ferrand donc je ne devrais pas avoir trop de problèmes avec la discipline. Je vais avoir deux classes de seconde : seconde 8 et seconde 9.

L’entrée en cours se passe bien, mais c’est très impressionnant d’avoir 35 élèves qui s’installent en classe et attendent qu’on parle, oui nous professeur. Quand un flux d’élève entre telle une interminable coulée de lave (oui petite référence aux volcans de mon Auvergne) on se demande si c’est possible de faire rentrer autant de personnes dans une salle, mais ça rentre, il faut juste des jumelles pour voir le rang du fond.

Et à partir de cet instant, aussi improbable que cela a pu me paraître à l’époque, du haut de mes 22 ans, c’était moi l’adulte responsable dans la classe désormais. J’ai à peine 10 ans de plus qu’eux.

Moi, en train d’essayer de voir le dernier rang de ma classe une fois que mes 35 élèves sont installés

Et… Action ! C’est le moment d’appliquer les conseils prodigués par l’ESPE : je ne laisse rien passer.

Petit bavardage je fais les gros yeux, on dirait que ça marche. Au bout d’un moment, comme je vois que ces élèves ont l’air tout à fait agréables et civilisés, je me permets de plaisanter avec eux pour détendre l’atmosphère. Si on croit l’ESPE, les élèves sont des Gremlins qu’on aurait nourri après minuit. Ils auraient donc menti pour nous faire peur ? Quand je vois mes petits élèves de seconde je me dis que oui. Ou alors j’ai de la chance et dans ce lycée les élèves sont supers. Je ne sais pas où est la vérité mais je suis ravie, cette année va super bien se passer…

… ou pas ! Ces élèves sont adorables certes, mais ils sont en fait comme tous les élèves pendant la première semaine de cours : ils testent le terrain pour voir ce qui passe ou non. Toute amadouée que j’étais par leur comportement tout mignon du premier jour je baisse un peu la garde (bien trop vite jeune ignorante). 

Et c’est ainsi que j’ai appris que, oui, s’il l’on n’y prend pas garde une classe d’élèves peut effectivement se transformer en horde de Gremlins nourris après minuit (et encore les Gremlins ils sont mignons, eux).

Règles n°1 : ne pas faire de blagues. Règles n°2 : ne pas rire à leurs blagues (même si desfois ils sont plutôt drôles). Règle n°3 : ne pas se laisser berner par leurs petits yeux brillants.

La discipline sinon rien

Dès les premières visites de ma tutrice, il est clair que le gros point noir de mes cours était la gestion de classe.

Mes classes sont bruyantes et j’ai du mal à obtenir le silence. 35 élèves ça fait beaucoup plus de bruit que moi. J’ai fait l’erreur d’être trop cool dès le début et je l’ai payé pendant toute l’année scolaire. Et une année scolaire c’est long.

Ma tutrice me conseille de repartir sur des bases propres et de passer en mode « dragon des Flandres » (citation directe). Je dois être intransigeante et ne pas me mettre à leur niveau en disant des phrases comme « c’est lundi pour tout le monde » (qui sous-entend que je suis comme eux, que j’ai des sentiments humains comme eux) ou faire quoi que ce soit qui rapproche le professeur des élèves en terme de comportement. Des conseils qui ressemblent beaucoup à ceux de l’ESPE, il doit bien y avoir du vrai.

Réinstaurer la discipline dans une classe c’est un peu comme jouer aux échecs quand la reine est perdue.

J’essaie donc d’appliquer ces conseils et me transforme en robot-flic : reprendre le moindre chuchotement, ne laisser passer aucun bruit ou mouvement qui sort des cases, action / réaction.

C’est E-PUI-SANT.

Il faut tout le temps s’interrompre pour dire à un tel ou un tel de se taire. On doit avoir les yeux partout et au final on ne fait pas cours on fait de la surveillance. Mais bon, c’est ce qu’on me dit de faire alors je le fais si c’est la marche à suivre pour maîtriser mes classes.

Je m’exécute pendant un temps. Mais ce n’est pas moi, je ne suis pas un robot-flic, j’ai envie de plaisanter avec mes élèves et de partager ma passion pour l’anglais.

Sauf que, ma p’tite dame, pouvoir plaisanter avec ses élèves c’est le privilège de celui qui sait déjà tenir sa classe. On ne récolte pas les fruits avant d’avoir planté l’arbre. Et c’est ainsi que je resterai tiraillée pour le reste de l’année entre le besoin d’être stricte pour avoir un peu la paix en classe et l’envie d’être plus informelle avec les élèves. Car dans ma tête je me sens plus proche des élèves que du corps professorale et du dogme de l’EN.

Le problème est que la posture de prof s’apprend et que quand on sort de l’école (ou qu’on est encore étudiant la moitié du temps dans le cas de cette deuxième année de master) c’est difficile de ne pas se placer du côté des élèves. Certains apprennent tout de suite cette posture institutionnelle et s’en sortent très bien, les inspecteurs les adorent d’ailleurs.

Moi, j’avais 22 ans et dans ma tête je me sentais encore élève, comment est-ce que j’aurais pu adopter la posture « d’adulte référent » alors que je ne me percevais pas moi-même comme une adulte responsable ?

Ce n’était pas qu’une question de discipline c’était aussi une question de perception de soi. Un brin de maturité en plus m’a certainement fait défaut. Je n’étais pas de ces profs qui savent naturellement intéresser une classe et qui en imposent par leur présence seule.

Mutations : la désillusion

Après cette année de stage à essuyer les plâtres de la tenue de classe et à rédiger un mémoire sur la discipline en classe (autant qu’il soit utile), j’ai validé mon master sans panache.

Ça y est j’étais officiellement prof d’anglais ! La grande valse des mutations pouvait enfin commencer. Car oui, dans sa grande considération envers ses fonctionnaires, l’Education Nationale a mis au point un système de mutation à points, censé être égalitaire et impartial. En théorie il l’est, dans les faits ce n’est pas la même histoire.

Le paragraphe suivant va être un peu technico-technique pour expliquer le fonctionnement à double tranchant du système de mutation de l’EN. Passez directement à la suite si cela ne vous intéresse ou ne vous concerne pas. Je ne vous en voudrai pas 😉

Pour vous donner une idée, on commence notre carrière à 21 points peu importe la matière qu’on enseigne. On a également droit à 50 points bonus de première mutation à n’utiliser qu’une seule fois sur un seul vœu. Ensuite, on gagne 10 points par année d’ancienneté et on a droit à 0.1 point de plus quand on demande une mutation dans son académie de stage (Académie de Clermont-Ferrand dans mon cas). Ensuite on peut obtenir 150 points quand on est pacsé/marié et que le conjoint vit dans la région où l’on veut être muté, idem pour les enfants, 150 points par tête environ, s’ils ne vivent pas dans la même académie que vous évidemment.

Mes modestes 71,1 points ne me sauveront pas

OK, jusqu’ici tout va bien. Mais si vous êtes célibataire ou que votre conjoint n’a pas un métier qui nécessite de rester en Auvergne par exemple, eh bien vous démarrerez avec vos 21  modestes points. En fonction des matières qu’on enseigne, avec 21 points on peut aussi bien rester en Auvergne qu’atterrir en région parisienne.

En Anglais, l’académie de Clermont-Ferrand était à plus de 300 points cette année-là ! Autrement dit, même en jouant toutes mes cartes, c’est-à-dire 21 points + 50 points bonus de premier voeu + 0,1 pour l’académie d’origine j’étais loin du compte avec mes 71,1 points. Et j’étais loin d’être la seule. Avec 21 points en gros on pouvait obtenir l’académie de Versailles, Créteil ou, plus exotique, Mayotte. Voilà les choix qui s’offrent à vous après 5 ans d’études, un concours et un mémoire : la banlieue parisienne ou une île au large de Madagascar (ce qui pourrait en faire rêver certains mais si elle vaut 21 points c’est qu’il y a une raison, la Réunion vaut beaucoup plus de points en comparaison).

Chaîne des Puys, I love you, I’m gonna miss you.

Me voilà donc résignée et préparée à quitter, la mort dans l’âme, mon Auvergne natale, mon copain de l’époque et ma famille. J’ai joué mes cartes en suivant les conseils d’une formatrice de l’ESPE : quand on a des problèmes avec la discipline c’est parfois une bonne idée de demander un poste de TZR (prof remplaçant) sur courtes durées. C’est une simple case à cocher quand on choisit l’option TZR (et de toute façon c’est rare d’être titulaire sur son poste les premières années). TZR sur courtes durées, cela signifie qu’on peut être parachuté sur une grande zone et remplacer des profs au pied levé mais ça veut aussi dire que nos missions excèdent rarement 3 mois dans le même établissement. Cette solution à l’avantage que si l’on se loupe au niveau de la discipline avec ses classes, on n’est pas obligé de traîner sa réputation de prof inexpérimenté toute l’année. On change d’établissement et on peut repartir à zéro. Cette solution a sauvé ma santé mentale cette année-là.

2ème année d’enseignement : le burnout

Les mutations tombent assez tôt j’ai de la chance. Certains nouveaux profs ne savent pas où ils vont enseigner avant la veille de la rentrée, pour la sérénité on repassera. Ce sera le collège Camille Claudel à Saint-Pierre-du-Perray dans l’Académie de Versailles, jusqu’à Noël. Pas exactement la banlieue « qui craint », je suis un peu soulagée.

Le jour de la rentrée je découvre un énorme avantage à être remplaçante sur courte durée : on remplace des profs qui sont souvent titulaires depuis des années et qui ont donc droit à de très bons emplois du temps !

Un bon emploi du temps pour un prof, ce sont des cours groupés avec des matinées ou après-midi libres, et non pas le gruyère dont les nouveaux arrivants héritent souvent. Si on remplace un prof agrégé (qui ne travaille que 15h par semaine au lieu de 18h pour les profs certifiés comme moi) on travaille 15h par semaine payées 18h ! C’était mon cas, j’ai remplacé une prof agrégée et j’avais un super emploi du temps avec mon mercredi entier de libre.

Emploi du temps de rêve, pas vraiment celui auquel peuvent aspirer les jeunes profs généralement. J’ai mon vendredi après-midi, c’est pratique pou redescendre en weekend en Auvergne.

Autre avantage d’avoir le statut de remplaçant, on reçoit une généreuse compensation pour nos frais de déplacement + une prime pour vivre en région parisienne et une prime de premier poste (de 2000€ quand même).

Je critique beaucoup l’EN mais je dois avouer qu’au niveau financier je n’avais pas à me plaindre, je gagnais en moyenne 2100€ net par mois. Mais ça c’était uniquement avec le combo région parisienne + TZR. Tous les profs n’attaquent pas leur carrière avec ce salaire.

J’ai aussi eu la chance que mes remplacements étaient proches de mon domicile. La prime couvrait donc mes frais. Mais certains sont catapultés dans des établissements à 2h de route de chez eux. C’est beaucoup moins rentable et vivable d’un coup.

La rentrée ne s’annonçait pas si mal. C’était ma première fois en collège et je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre. J’allais être la première prof que mes petits 6èmes allaient voir au collège, ils devaient avoir aussi peur que moi.

Nouvel établissement, nouveaux élèves, c’était l’occasion rêvée de repartir sur des bases propres et solides au niveau de la discipline. J’ai même bachoté pendant les vacances en lisant L’autorité au collège, mode d’emploi, j’y ai appris quelques bonnes astuces mais, malgré tout, cela ne vaudrait jamais la pratique. Une chose était sure, je ne voulais pas revivre mon année en lycée.

Ma salle de classe vide quelques minutes avant ma première rentrée en tant que prof non-stagiaire. Stress Level: over 9000 😅

Premiers cours. Je suis très stricte avec mes classes, je ne laisse passer aucun bavardage, je ne tolère aucun écart, j’instaure mes règles. Tout se passe bien, mes 6èmes sont adorables mais je sens un peu plus de potentiel pour les débordements chez les 5èmes et 4èmes. Je continue sur ma lancée j’essaye de tenir, de rester stricte même si ce n’est pas moi et que je joue un rôle. Commence alors la phase de test et le début de la spirale infernale.

A l’ESPE on ne vous prépare pas pour la réalité du métier. Quand en classe un élève fait quelque chose d’inapproprié et qu’on ne l’a pas anticipé il faut quand même réagir dans la seconde : action/réaction, ou plutôt action/improvisation. Et croyez-moi on ne peut jamais anticiper tout ce dont les élèves sont capables.

Avec l’expérience on apprend à réagir rapidement et de façon adéquate sans se décrédibiliser auprès des élèves. Je n’en étais pas encore à ce stade.

Le début de la fin

Et c’est avec les premières provocations que j’ai perdu pied, inexorablement.

J’ai dû commencer à mettre des heures de colles, mais nous parlons ici d’heures de colles données à des élèves qui en reçoivent déjà plusieurs pas semaine. Au final ils ne se présentent pas à leurs heures de colles. Il faut donc les recoller. Il ne viennent toujours pas à l’heure de colle. Et l’heure de colle est notre seul moyen de pression en tant que prof, c’est une impasse, nous n’avons aucun moyen d’agir. Franchement, vous croyez qu’un élève qui ne se présente pas en colle va faire la punition que vous lui avait donnée ?

Alors on fait des rapports d’incident pour garder une trace de ce qui se passe en classe mais au final on se retrouve à faire des rapports à presque chaque heure de cours. Et honnêtement on a l’impression d’être flic. On oublierait presque qu’être prof c’est normalement ENSEIGNER.

On ne peut pas faire une phrase complète sans devoir s’interrompre pour, machin tais-toi, reprendre un tel, machine arrête de lancer ton stylo sur machin, ou un tel et notre, machin arrête de parler avec ton voisin, parole est, machin on peut savoir ce qui te fait rire, con-sta-mment, interrompue, dévalorisée et remise en question, c’est énervant n’est-ce pas ? Vous avez perdu le fil ? Moi aussi.

Si on s’obstine à ne rien laisser passer en classe on ne peut presque pas finir une phrase !

Représentation réaliste bien que presque édulcorée de la vie de jeune prof

Donc oui, j’étais usée, j’en avais assez de m’interrompre en permanence et j’ai laissé passer trop de choses. Je l’ai payé au prix fort.

Mes 5èmes sont devenus intenables, il y avait tellement de bruit dans ma classe que même en hurlant je ne pouvais pas me faire entendre, j’étais devenue leur jouet, je ne pouvais plus avancer dans mon cours, je ne représentais aucune menace pour eux. Ils s’amusaient à me provoquer en permanence, voyant que je n’avais aucun moyen de pression sur eux, ils prenaient les poubelles dans mes classes et allaient les vider dans les escaliers à la fin de l’heure, partaient en mettant toutes les tables en désordre, faisaient des bruits d’animaux, balançaient leurs affaires partout, mes classes ressemblaient à une jungle (ou un cirque, au choix).

Leur but était de me faire craquer par des provocations constantes, c’était une forme de harcèlement morale honnêtement. A la fin d’un cours qui s’est particulièrement mal passé, j’avais l’impression d’être une moins que rien, j’avais les larmes aux yeux, mais non je ne pouvais pas craquer, pas devant eux, ça aurait été le coup de grâce. J’ai ravalé mes larmes et couru jusqu’à ma voiture pour qu’ils ne me voient pas pleurer.

Une fois en « sécurité » (oui, je dis bien « en sécurité » car ma classe était devenue un lieu de danger psychologique) j’ai fait une crise de panique, je me suis mise à hyper-ventiler et je ne pouvais pas m’arrêter de pleurer, j’avais l’impression que j’allais mourir.

Et je ne suis pas du genre comédienne ou drama queen, je suis très contrôlée de nature, c’est pour ça que cette réaction de mon corps m’a surprise et d’autant plus alarmée. Je suis rentrée chez moi dans un état de stress intense et j’ai appelé le collège pour dire que je ne pouvais pas revenir l’après-midi, je devais me protéger. D’en reparler dans cet article je ressens encore cet état de danger et les larmes me viennent toujours.

Bilan : 3 jours d’arrêt et une prescription de Lexomil pour m’aider à gérer le stress. Nous étions seulement mi-octobre.

Mi-octobre, déjà sous Lexomil, ça commençait bien.

Une inspection catastrophique

J’appréhendais le retour en classe après ces 3 jours, d’autant plus que j’entendais les élèves dire que c’était à cause d’eux que j’étais en arrêt, ils n’étaient pas dupes. J’avais bien pris mon Lexomil pour me calmer et affronter le retour en classe. Les élèves étaient un peu plus calmes car ils se sentaient coupables de m’avoir poussée à bout mais ça n’a pas duré.

Pour ne rien arranger j’ai été inspectée un mois plus tard.

L’inspection c’est un moment que personne n’aime, se faire observer en train de travailler ce n’est jamais agréable. Surtout quand on sait qu’on arrive pas à tenir ses classes et que cela va nous être reproché.

Le jour de l’inspection arrive j’ai essayé de faire un cours bien ficelé. Mais, honnêtement, en début de carrière quand on a trois niveaux différentes à préparer et qu’on n’a aucun cours des années précédentes à réutiliser, les soirées se terminent souvent à 23h pour préparer les cours.

Mes élèves de 5ème ne sont pas guère plus calmes que d’habitude, l’effet « inspecteur assis au fond de la classe » n’a pas l’air de prendre sur eux. Même si malgré tout ils participent quand je pose des questions. La classe est cependant  très bruyante comme à son habitude. Mon cours n’est pas parfait je le sais, mais il suit les recommandations de l’EN. Il est maintenant temps de passer au débrief de cette inspection. J’appréhende mais j’espère aussi qu’elle pourra me donner des conseils pour mieux gérer mes classes.

Premiers mots de l’inspectrice : « ça ne va pas du tout […] vous n’auriez jamais dû être titularisée », suivi par de commentaires tels que (citations réelles) : « vous avez une influence néfaste sur les élèves », « vous avez de la chance que vous classes ne soient pas plus agitées car vos cours sont ennuyeux ».

Mais où est la p*****  de bienveillance dont l’EN nous encourage tant à faire preuve ??! On marche sur la tête. Une remarque comme ça dans le privé ça peut finir aux prud’hommes !

Pendant 5 min elle a continué à décortiqué mon cours en pointant du doigt tout ce que j’avais dit ou fait qui n’allait pas, en reprenant ma prononciation en anglais sur un mot histoire de finir la mise à mort, sauf que j’ai vérifié après coup par fierté et c’est bien moi qui avais raison sur cette prononciation. C’est un détail mais ça en dit long sur l’attitude de l’inspectrice.

J’étais déjà fragile psychologiquement, j’ai craqué et fondu en larmes devant l’inspectrice, s’en était trop. Elle s’est enfin arrêtée et adoucie. En voyant mon état elle a dit « je vois que vous êtes en souffrance et que ça n’a pas l’air facile pour vous avec cette classe ».

Non, sans déconner ?

Ma réaction intérieure quand l’inspectrice m’a dit que j’avais l’air en souffrance dans mon métier

Le rectorat était au courant que j’avais eu des difficultés en octobre, ma directrice l’avait signalé avec mon accord pour obtenir un accompagnement. Comment était-ce possible que cette inspectrice ne sache pas que j’avais des difficultés et que la meilleure manière de m’aider n’était probablement pas de me dire que je n’aurais jamais dû faire ce métier ? Est-ce normal qu’un inspecteur s’acharne sur une néo-titulaire, loin de chez elle, qui débutent dans le métier et qui n’est, par conséquent, pas experte ?

Il ne faut pas généraliser cependant, tous les inspecteurs ne sont pas comme celle que j’ai eu (ceux de l’Académie de Clermont-Ferrand pendant mon stage étaient tout à fait bienveillants et de très bon conseil). J’ai néanmoins écrit à mon syndicat pour signaler l’attitude de cette inspectrice et on m’a dit que j’avais bien fait car malheureusement il s’agissait d’une situation de plus en plus fréquente, des inspections qui tournent presque au « règlement de compte ».

Cependant, même si la forme était outrageusement inadaptée, les remarques de l’inspectrice étaient plutôt vraies sur le fond. Je savais que j’avais des choses à améliorer, et je l’acceptais, le problème n’était pas là. Mais, généralement, le sens commun veut que l’on ne dise pas aux gens qu’ils sont inadéquats et on trouve aussi des points positifs pour montrer que tout n’est pas à jeter, ce qu’elle n’a pas fait. Il y a une façon de dire les choses.

Je suis au 36ème dessous et le Lexomil n’y changera rien, je sors de cette entretien convaincue que je suis inutile et que je n’ai rien à faire là puisqu’elle n’a rien dit qui laisserait entendre le contraire.

Je suis loin de mon Auvergne natale, mon boulot me détruit à petit feu, l’inspection finit de me démoraliser. Certains jours, dans la voiture en allant au travail je me disais que je ferais mieux de foncer droit dans un mur et que tout ceci serait enfin fini.

J’ai eu des pensées très noires, j’avais constamment une boule au ventre, je ne dormais plus, je faisais des cauchemars dans lesquels les élèves me piétinaient dans les couloirs et où je ne pouvais pas me relever, je faisais de violentes crises d’angoisse, j’étais en boule dans la salle de bain en train de pleurer en pensant au lendemain et au fait qu’il faudrait retourner affronter cet enfer.

J’ai dû tenir une semaine après l’inspection et je suis retournée chez le médecin qui m’a mise en arrêt pendant un mois jusqu’à la fin de mon remplacement en décembre. Délivrance. Le médecin m’a tout de même prescrit des anti-dépresseurs en voyant mon état mais je ne les ai pas pris. Oui, on aime bien prescire des anti-dépresseurs en France, c’est bien, c’est plus simple que de régler la vraie source du problème. Je n’étais pas dépressive j’étais en détresse.

Un vent de renouveau

J’avais touché le fond et j’avais un mois pour reprendre des forces avant d’affronter un nouvel établissement en Janvier. J’ai passé les vacances de Noël en Auvergne et ça m’a fait un bien fou.

Je suis appelée en Janvier pour aller faire un remplacement de trois mois en collège à Boussy-Saint-Antoine. La directrice me reçoit pour me présenter l’établissement, ma salle et parler un peu de mon expérience dans mon collège précédent… ce qui me cause de fondre en larme au bout de cinq minutes (bon sang mais j’arrête pas de pleurer !). Je ne vais pas si bien que ce que je croyais.

La directrice, elle, est tout à fait bienveillante et me demande si je suis sûre de vouloir reprendre dans deux jours. Oui, je vais prendre le taureau par les cornes et je serai là lundi. Mais malgré tout je songe déjà sérieusement à démisionner.

Jusqu’ici on ne peut pas dire que ma gestion de la discipline ce soit améliorée donc il doit y avoir quelque chose que je ne fais pas correctement. J’ai appris que crier ne sert rien à part faire augmenter le volume sonore général. J’ai appris qu’il faut avoir des punitions toute prêtes pour pouvoir réagir rapidement en cas d’écart des élèves. J’ai appris qu’il faut avoir anticipé les débordements les plus courants qui peuvent se produire en classe pour ne pas être dans la réaction improvisée le moment venu. Se poser ces questions avant d’entrer en classe permet d’être droit dans ses bottes quand on doit réagir rapidement.

Un vent de renouveau

Qu’est ce que je fais si un élève refuse de faire un exercice ? S’il se lève sans permission pendant le cours ? S’il répond ? S’il refuse de se taire ? Il est impossible de prévoir toutes les situations mais on peut anticiper les plus courantes.

Et puis j’ai aussi appris quelques trucs et astuces en observant d’autres collègues. Les élèves commencent à ranger leurs affaires avant la fin de l’heure ? Parfait, ceux qui ont déjà tout rangé sortiront en dernier, mouhaha… c’est radical. La technique de faire sortir les carnets de correspondance sur les tables et de ramasser ceux des perturbateurs au moindre écart fonctionne aussi assez bien.

Je vais aussi arrêter de négocier avec les élèves. Ils débordent toujours d’arguments et d’imagination lorsqu’il s’agit de trouver une excuse pour éviter la punition. Ne pas rentrer dans leur jeu, ne pas se laisser intimider, assumer sa punition au risque de se faire traiter de « sale pute » une fois qu’ils seront sortis dans le couloir (true story, et c’est loin de n’être arrivé qu’à moi).

Ne pas non plus se laisser amadouer par un élève qui nous supplie « les larmes aux yeux » de ne pas lui mettre de mot dans le carnet car son père va le frapper s’il voit ça. Un cas de conscience où l’on ne sait pas toujours si l’on a pris la bonne décision en écrivant ce mot dans le carnet. Peut-être que l’élève ment et qu’il se moque de nous ? Peut-être qu’on a sciemment écrit ce mot dans le carnet en connaissant les conséquences pour l’élève ? Peut-être que ce n’est pas la première fois que cela arrive et que cela n’a pas empêché l’élève de recommencer ? Il s’est avéré, dans ce cas précis, que cet élève aurait pu faire le cours Florent. Un fin manipulateur qui rendait la vie dure à beaucoup de profs et dont les parents disaient qu’il était « coquin ». Non, il n’est pas « coquin », il se fait exclure de quasiment tous les cours et il est en parti responsable de mon craquage nerveux de début d’année. Il n’est pas juste « coquin ».

En bref, pour être prof il faut un peu avoir des super pouvoirs de détection de mensonges et il ne faut pas se démonter. Dans tous les cas négocier c’est déjà perdre en crédibilité donc je dois apprendre à ne plus me laisser avoir.

Le lundi arrive et je découvre des classes d’un bon niveau avec seulement quelques éléments un peu difficiles mais ce n’est rien en comparaison de ce que j’ai pu connaître dans mon établissement précédent. Je revis. Je mets bien quelques heures de colles mais je ne vais plus au travail avec la boule au ventre. Je ne prends plus de Lexomil.

Est-ce que finalement ce serait ça la vie de prof ? Je retrouve presque le plaisir d’aller au travail et j’arrive à faire des cours qui ont l’air d’intéresser mes élèves. J’ai une classe de piou-piou de 6ème adorables avec un super niveau, je suis ravie. Je regretterais presque que ce remplacement ne soit prévu que pour une durée de 3 mois !

Avantages et inconvénients du métier de professeur

Ce remplacement dans un nouvel établissement me fait un grand bien. Je me demande si finalement démissionner est bien la bonne solution. Peut-être qu’il s’agit simplement d’une fuite face à une situation difficile que je n’arrivais pas à gérer ? Car oui, la discipline s’améliore avec la pratique, tout mes collègues le disent.

Peut-être que j’ai baissé les bras trop vite en voyant que je n’étais pas la prof instinctivement douée que j’aurais voulu être dès ma première année en tant que titulaire ? Peut-être que je devrais arrêter de me plaindre. Plein d’autres profs sont passés par là et ils ont bien survécus. Je suis peut-être un peu fragile, j’abandonne peut-être trop vite face à la difficultés ?

Cette classe d’élèves bien sages n’existe que sur des banques d’images comme Getty Images, la réalité et bien différente.

Justement, ce poste dans ce nouveau collège est l’occasion de me poser les bonnes questions et de prendre le recul nécessaire sans avoir la mauvaise expérience de mon premier poste pour influencer mes réflexions. Checklist des avantages et inconvénients que j’ai pu trouver à l’enseignement :

Avantages

Les vacances

On nous le répète assez, nous les profs sommes tout le temps en vacances à en croire les gens qui ne sont pas profs. C’est vrai que techniquement on travaille rarement plus de 8 semaines d’affilé. On a toujours les vacances de Noël et d’été assurées, c’est confortable.

La sécurité de l’emploi

« Je suis fonctionnaire » c’est un peu les mots magiques à prononcer quand on veut contracter un crédit à la banque ou louer un appartement. Un salaire et un emploi à vie ça a tendance à tout de suite détendre votre interlocuteur.

18 heures de présence effective devant les élèves

Ca ne veut pas dire que nous ne travaillons que 18h par semaine puisque le reste du temps il faut préparer ses cours, corriger des copies et faire de l’administratif. En revanche, ces 18h de présence devant les élèves nous permettent généralement d’avoir des matinées ou après-midi libres pendant la semaine pour, par exemple, prendre rendez-vous chez le médecin, aller chercher un colis à la poste ou encore faire ses courses sans la cohue du samedi après-midi. Pas besoin de poser un journée, on gère notre temps hors de la classe comme on le souhaite.

L’avantage quand t’es prof c’est que tu peux faire tes courses hors de la cohue du samedi 🛒

Le salaire

On ne peut pas vraiment se plaindre on commence notre carrière à 1670 euros net et on peut arriver relativement rapidement à 2000 euros avec un peu d’ancienneté et quelques frais de déplacements (quand on est remplaçant). Certes, le salaire évolue principalement à l’ancienneté et pas au mérite mais au moins c’est un salaire assuré pour toute une carrière. (ndlr : ça c’était mon avis au moment où j’ai écrit l’article. Aujourd’hui avec l’inflation et la difficulté du métier qui de fait qu’augmenter, ces 2000 euros semblent un peu moins reluisants).

Inconvénients

Pas ou peu de perspectives d’évolution

Quand on est prof certifié on peut passer l’agrégation pour devenir prof agrégé et c’est à peu près tout. On peut être un prof très impliqué et compétent le seul poste qu’on peut espérer obtenir tout en restant au contact des élèves c’est toujours prof ! Ensuite, on peut devenir chef d’établissement ou inspecteur mais il faut aimer faire de l’administratif et accepter de ne plus vraiment être en contact avec les élèves dans un contexte de classe, et c’est encore un concours à passer. Faire le même métier au même niveau toute ma carrière ? Quel ennui.

Pas de flexibilité d’horaires et de vacances

Non mais ils ont déjà 6 mois de vacances pas an ils ne vont pas en plus se plaindre de ne pas pouvoir les prendre quand ils veulent ces profs ?! Si en fait, en tout cas pour moi c’était un problème. Avoir les vacances scolaires c’est bien, mais cela signifie aussi devoir partir en même temps que tout le monde et tout payer au tarif « haute-saison ». Un weekend improvisé ? Besoin de prolonger jusqu’au lundi ? Ce n’est pas possible. Pour louper une heure de cours il faut avoir l’accord de l’inspection d’académie et il faut des circonstances un peu plus graves que « j’ai besoin de mon lundi pour me faire un petit weekend prolongé ». Ils considèrent, à raison, que nous avons assez de temps libre en semaine pour nous organiser sans devoir louper de cours. Beaucoup de temps libre certes, mais AUCUNE flexibilité. Vous ne pouvez par reporter votre cours avec les 6ème2, c’est lundi 8h30 et c’est non négociable (même s’ils seraient probablement ravis de votre absence).

Les mutations

Ne pas savoir combien de temps on va devoir passer en région parisienne ou dans un collège difficile avant de pouvoir redescendre en Auvergne ce n’est pas compatible avec des projets sur le long terme. Je ne suis pas sure que ce soit le rêve de beaucoup de jeunes diplômés de se retrouver déracinés en région parisienne pendant des années à la sortie des études. Savoir que mon sort dépend d’un barème injuste et inflexible qui ne me permettra de rentrer chez moi qu’une fois que je serai aigrie, je suis désolée mais c’est non.

Je ne pratique pas l’anglais

A dire vrai, je n’ai jamais autant perdu mon niveau d’anglais que quand j’étais prof. Quand on parle anglais couramment et qu’on se retrouve devant une classe de 6ème c’est assez frustrant de revenir aux bases avec « my name is » et « he can dance but he can’t sing« . Je ne sais pas à quoi je m’attendais ? Ce n’était pas vraiment une surprise que je n’allais pas pouvoir parler le même anglais qu’à la fac à des élèves de collège ? Non, ce n’était pas une surprise mais je ne m’attendais pas à ce que ce soit aussi frustrant et limitant. Et je ne m’attendais pas à perdre autant en niveau à force de simplifier mes structures de phrasepour faciliter la compréhension de mes piou-piou de 6ème.

Je m’ennuis

J’ai l’impression de toujours faire la même chose. Quand on a plusieurs classes du même niveau on refait le même cours plusieurs fois avec seulement quelques variantes pour s’adapter au niveau de la classe. J’ai l’impression de toujours traiter les mêmes sujets estampillés « Education Nationale ». Et la perspective de devoir tous les ans repartir à zéro avec de nouvelles classes de 6ème me donne une terrible impression que je ne vais jamais apprendre de nouvelles choses. Certes je vais apprendre de nouvelles méthodes de travail, améliorer mes séquences, utiliser de nouveaux outils, trouver de nouveaux angles d’approche. Le programme officiel d’anglais est assez libre, il y a plein de possibilités, j’essaye déjà d’adapter les séquences à ce qui me plaît. Mais au fond ça ne m’intéresse pas, je n’aime pas enseigner, je veux pratiquer. J’aurais juste mis un peu de temps à me rendre compte que devenir prof d’anglais n’était pas la meilleure option de métier quand ce qu’on aime c’est parler anglais.

Vous remarquerez que dans ces listes je ne parle que très peu des élèves et du plaisir d’enseigner. Même si j’ai vraiment passé de bons moments avec certaines classes et que j’aimais parfois mon métier, je ne me sentais tout simplement pas épanouie. Le fait d’avoir des classes où je me sentais mieux m’a permis de comprendre que ce n’était pas mes problèmes avec la discipline qui me poussaient à vouloir démissionner mais simplement un manque de passion et de vocation.

Démissionner ? Vous n’y songez pas mademoiselle !

Ma décision est donc plus ou moins arrêtée, je vais démissionner de l’Education Nationale. L’annonce des mutations me conforte dans mon choix quand j’apprends que le PACS avec mon copain de l’époque n’a pas fonctionné et que cela signifie que je vais devoir rester en région parisienne entre 1 et 10 ans de plus.

Troisième et dernier remplacement

Je termine mon remplacement dans mon deuxième établissement de l’année et après une semaine de battement je suis envoyée dans un collège à Savigny-sur-Orge pour mon troisième et dernier remplacement. C’est un collège de centre ville avec des locaux qui ont dû être beaux à une époque mais n’ont plus leur fraîcheur d’antan.

Fait étrange ou non, j’ai maintenant moins de problème de discipline qu’à mes débuts. Est-ce que les élèves sont plus sympas ? Est-ce que j’ai progressé dans mon approche ? Un peu des deux je pense. Car oui, les élèves de ce collège sont plutôt sympas. Il y a toujours les éternels perturbateurs dans chaque classe mais rien qui ne se règle pas avec une petite mise au point à la fin de l’heure.

J’ai aussi appris au bout de trois établissements que crier ne sert à rien pour obtenir le calme, c’est même plutôt l’inverse et cela aurait tendance à faire monter le volume sonore général.

Forte de cette révélation (chacun son rythme), je décide tenter une nouvelle stratégie : je parle très doucement (en termes de volume pas de débit) dès le premier cours. Cela fonctionne extraordinairement bien et mes cordes vocales me remercient. Le climat de classe est apaisé, je ne me fatigue pas la voix, les élèves sont concentrés car sinon ils ne m’entendent pas bien. Je parle calmement et ne hausse pas la voix pour recadrer un élève qui aurait envie d’être dissipé, j’utilise juste un ton plus ferme.

Je revis une seconde fois et j’ai vraiment l’impression d’avoir appris de mes erreurs. Je ne suis plus aussi tendue. En plus, j’ai l’avantage qu’à force de faire des remplacements en collège je commence à avoir une bonne réserve de cours d’avance. Je n’ai plus qu’à adapter en fonction des classes et des niveaux, je ne travaille plus jusqu’à minuit le soir.

Mais, malgré cela, toujours aucune flamme qui m’anime. Je n’arrive pas à m’épanouir dans ce que je fais. Je suis certaine de vouloir démissionner de l’Education Nationale et je ne l’ai pas caché à ma chef d’établissement.

Coup de grâce quelques semaines plus tard je reçois une convocation du rectorat m’invitant à me rendre à la « maison mère » à Versailles (pas au château ^^) pour un entretien avec les huiles et la directrice de mon collège de rattachement.

Bon, c’est toujours sympa d’avoir une excuse pour passer devant le château (le vrai) en voiture, mais le batiment du rectorat a moins de charme à côté.

Le rectorat : Poudlar sans la magie

Je franchis les milles sas de sécurité pour rentrer dans ce poste de campagne de l’EN. Au bout de 10min, McGonagall vient me chercher dans la salle d’attente : une femme de type mère supérieure en institution privée, tailleur jupe en tweed longeur au-dessous du genou, veste avec renforcements aux coudes, talons d’hôtesse de l’air, cheveux gris, chignon serré, lunettes, toiles d’araignée… OK, j’ai peut-être ajouté les toiles d’araignée mais le reste est véridique !

Le type de personnes qui vous reçoivent au rectorat d’Académie… ou du moins c’est l’impression que cela m’a donné.

Je me souviens qu’il s’agissait d’une convocation pour discuter de ma situation par rapport à mon craquage nerveux de décembre. Oui de décembre. Nous sommes en avril. Je vous présente la réactivité du rectorat face à leurs profs en détresse. Cinq personnes alignées derrière une table comme un jury de CAPES étaient là pour me traiter comme un petit être fragile et au bord du gouffre mais c’était en décalage total avec ma situation actuelle puisque j’allais beaucoup mieux. On m’a proposé de mettre en place un système de tutorat pour que je ne me retrouve plus dans cette situation mais au final je suis ressortie de cet entretien frustrée, infantilisée et incomprise car je n’ai quasiment pas pu m’exprimer.

Un mois plus tard, je reçois une autre convocation du rectorat précisant que je pouvais venir à l’entretien accompagnée de la personne de mon choix. Je trouve ce détail étrange et je ne sais pas du tout en quoi consistera l’entretien. Je sais juste qu’il y aura l’inspecteur d’académie et une autre inspectrice. Ça a l’air sérieux dites donc.

Dernier entretien avant la démission officielle

L’objet de ce dernier entretien est de me proposer l’accompagnement promis lors de l’entretien précédent. Au moins ils tiennent leurs promesses, on ne peut pas leur reprocher. Ce n’est pas un secret pour le rectorat que j’ai l’intention de démissionner, je ne l’ai jamais caché.

Mais la pénurie de profs dans cette académie est telle qu’ils préfèrent avoir une prof très moyenne et peu motivée comme moi plutôt que pas de prof du tout devant les élèves. Ils font tout pour me convaincre de rester.

Cette fois-ci j’ai vraiment l’occasion de m’exprimer et de parler librement. Je reviens sur mon début d’année chaotique, les larmes me montent aux yeux, je ne suis toujours pas complètement remise. Je leur liste les arguments qui m’ont amenée à prendre la décision de démissionner en insistant sur le fait que c’est une décision murement réfléchie et prise avec du recul maintenant que je ne suis plus en souffrance dans mon travail.

La proposition du rectorat

Cause toujours ! On me dit que ma décision n’est pas assez réfléchie et que démissionner de l’Education Nationale ça ne se fait pas sur un coup de tête. Ils sont persuadés que c’est une lubie pour moi. On me propose une solution pour que je reste en poste et que je puisse me sentir bien dans mon travail :

L’année scolaire prochaine je serai mutée dans un collège à 5min en voiture de chez moi où une autre prof d’anglais plus expérimentée sera là pour m’accompagner. Cette démarche inclue plusieurs sessions d’observation de mes cours par semaine, des séances de debrief et d’aide à la préparation des cours, et des entretiens réguliers pour parler des progrès et améliorations ainsi qu’un reporting hebdomadaire.

Si j’avais vraiment souhaité rester à l’EN cela aurait surement été une solution acceptable bien que très infantilisante. En tout cas c’est un dispositif impressionnant pour aider une seule personne.

Merci, mais non merci.

Bien que les intentions du rectorat soient louables elles ne sont pas en phase avec ce dont j’ai besoin. En gros ce qu’on me propose c’est une nouvelle année de stage. Sous couvert d’accompagnement personnalisé je perçois ce dispositif comme une méthode de « flicage » permanent et un message non dissimulé pour dire « ma pauvre petite vous avez dû avoir votre CAPES au rabais parce que vous n’êtes pas capable d’enseigner à des élèves, on va vous remettre dans le moule ». C’est étrange en tout cas, parce qu’à un moment quelqu’un a en son âme et conscience a bel et bien déclaré que j’étais admise au CAPES et capable d’enseigner. Et au final, malgré le soi-disant caractère « ennyeux » d’un cours observé par l’inspectrice en début d’année, ce n’est jamais vraiment le contenu de mes cours qui a été mis en cause, juste ma gestion de classe. La seule chose qu’on ne nous enseigne pas…

Donc non merci, je n’ai pas envie de me retaper une année de stage avec quelqu’un constamment sur mon dos pour me dire comment je dois faire les choses. Cela peut paraître assez immature comme attitude et dénoter un manque de capacité à me remettre en question, mais pourquoi me plier à l’exercice si je n’ai aucune intention de rester ?

C’est à tête reposée que je me suis rendue compte que ce qui me dérangeait dans tout cet accompagnement et les différents entretiens que j’avais eus c’est qu’on essayait de me faire comprendre qu’il fallait que je rentre dans le moule. On me prenait pour une enfant impulsive. Ce qui ne leur plaisait pas c’est que je résistais de toutes mes forces pour ne pas rentrer dans ce moule  de l’Education Nationale. Et on préfère les profs un peu plus docile à l’EN.

Rentrer dans le moule ne m’aurait rien apporté, je n’aurais pas été plus heureuse dans mon travail si j’avais enseigné en respectant les « valeurs de la République » ou en faisant des séquences au cordeau avec des enjeux linguistiques et culturels sur le thème du « vivre ensemble ».

Après ce dernier voyage au rectorat, j’étais confortée dans mon choix, ce n’était pas la vie professionnelle que je voulais. Je pouvais écrire ma lettre de démission sans regrets.

Comment fait-on pour démissionner de l’Education Nationale ?

C’est simple. Enfin, relativement.

Il suffit d’envoyer une lettre en recommandé avec accusé de réception au rectorat d’Académie en déclarant que l’on souhaite quitter définitivement son poste et qu’on a conscience que l’on renonce aux avantages qui lui sont associés ainsi qu’aux bénéficex du CAPES. On perd son CAPES quand on démissionne, si l’on veut redevenir prof par la suite c’est possible mais il faut repasser le CAPES.

Peu de temps après, on reçoit une lettre en recommandé du rectorat qui nous demande si est on timbré ou complètement inconscient de vouloir renoncer à un poste de rêve qu’est celui de fonctionnaire de l’Education Nationale. On renvoie un recommandé avec accusé pour le dire que non, non ce n’était pas une blague et qu’une personne en pleine possession de ses capacités intellectuelles peut bel et bien décider de démissionner de l’Education Nationale de son plein gré.

Eh voilà, il ne reste qu’à attendre 2 mois (au maximum mais c’est souvent moins) pour avoir confirmation que nous n’appartenons plus au corps enseignant. Ça y est, c’est fait, c’est fini, je ne suis plus prof, c’est pour de vrai.

ndlr : ça c’était les modalités au moment où j’ai écrit l’article, je ne sais pas si les délais et les procédures sont les mêmes aujourd’hui

Bon il y a tout de même eu un petit problème de communication au sein de l’Académie puisque le jour de la rentrée j’ai reçu un appel de mon collège de rattachement qui me demandait où j’étais ! Euh, c’est-à-dire que ça va être compliqué de venir car j’ai démissionné et je suis rentrée en Auvergne, donc vous pouvez toujours m’attendre.

Ce que je retiens néanmoins

Je ne suis pas seule dans cette situation et d’autres profs ont eu des expériences plus traumatisantes que la mienne. Le livre de William Lafleur L’ex plus beau métier du monde, sorti récemment, regorge de témoignages de profs et nous montre la réalité de ce qu’est devenu le métier aujourd’hui.

Même si je peux avoir des mots sévères envers l’EN, ils sont principalement adressés à l’administration. En effet, dans les trois établissements où j’ai enseigné en région parisienne j’ai pu trouvé du soutien auprès de certains collègues, des CPE et chefs d’établissement. Ce sont eux qui font que l’EN fonctionne encore, des gens passionnés qui exercent leur métier du mieux qu’ils peuvent malgré des conditions de travail déplorables. Ils sont un peu comme l’orchestre du Titanic qui a joué jusqu’à ce que le navire sombre, ils sont impliqués à fond dans leur métier même si tout tombe en ruine autour d’eux. Bravo à eux, ce sont des gens pour qui j’ai un profond respect. Moi, j’ai quitté le navire.

Standing ovation pour tous les profs, CPE et chefs d’établissement qui font encore leur métier avec passion !

Et après ?

Oui et après ? Parce que quitter l’Education Nationale c’est bien beau mais qu’est-ce qu’on fait après ? Et bien on trouve une filière qui nous passionne, pour moi ça a été la communication et le marketing. J’ai repris mes études en alternance ce qui m’a permis d’avoir un petit salaire et de ne pas me retrouver sans rien le temps de ma reconversion professionnelle. Ah oui, parce qu’on a pas droit au chômage quand on sort de la fonction publique.

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Bon spoiler alert, après 4 ans dans la communication, je me suis aussi lassée de ce métier. Je suis actuellement développeuse informatique. Vous pouvez retrouver toutes mes tribulations dans cet article où je fais le bilan de ma reconversion 6 après ma démission. Aujourd’hui je suis en CDI dans une boîte qui développe des outils pour faciliter la comptabilité. Je ne côtoie que des adultes (et je n’ai pas à faire de discipline avec eux ^^), je ne vais pas au travail la boule au ventre et je suis dans un domaine où il y a toujours des choses nouvelles à apprendre, c’est bien plus stimulant que l’enseignement !

Je travaille sur des projets intéressants et j’ai beaucoup d’autonomie, personne ne m’infantilise. Je n’ai jamais regretté d’avoir quitté l’Education Nationale et cette reconversion a été salvatrice.

Certes, je n’ai plus la sécurité de l’emploi à vie (et encore je suis en CDI donc je suis bien) mais au moins j’ai des perspectives d’évolution.

Je n’ai plus que 6 semaines de vacances par an mais j’ai beaucoup moins besoin de vacances parce que je ne subis pas mon métier, et en plus je peux partir en vacances hors saison, loin des foules et à prix mini.

Je ne retourne pas au travail la mort dans l’âme à la fin des vacances parce que je retourne faire quelque chose qui me plaît et j’ai des collègues sympas.

Je gagne maintenant un salaire équivalent à mon salaire de prof, alors les quelques années de salaire d’alternant n’ont pas été en vain. Bref, j’ai fait le grand saut de la reconversion et je n’ai que du positif à en retirer.

Est-ce qu’il y a des profs parmi vous qui se sont reconnus dans cette expérience ? Est-ce que vous avez déjà songé à la reconversion ? Ou est-ce que vous avez déjà sauté le pas ?

Partagez votre expérience en commentaire ou envoyez-moi un message privé via ce formulaire, ça m’intéresse ! Je réponds toujours aux messages.

    Amusidora

    Hello ! Moi c'est Claire. Eternelle curieuse, je suis passionnée d'Histoire de la mode et d'histoires insolites, toujours en quête de nouvelles choses à apprendre (et souvent difficiles à placer en soirée, certes). J'adore me plonger dans de vieux livres d'époque et je collectionne aussi de vieux papiers et des revues anciennes. Mes sujets de prédilection ? La première moitié de XIXème siècle et la période Art Déco, mais pas uniquement. Je partage ici mes trouvailles pour tous les curieux qui voudront bien passer un moment sur ce blog.

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    32 réflexions sur « Pourquoi et comment j’ai démissionné de l’Education Nationale (et ne l’ai jamais regretté) »

    1. Je viens de tout lire, oui absolument tout, et j’ai soudain eu une pensée émue pour Mme D., notre chère prof d’anglais qu’on a quand même pas mal malmenée durant nos années collège. Je réalise aujourd’hui en te lisant à quel point ce doit être difficile de faire ce boulot. En tous cas, je suis admirative du courage dont tu as fait preuve. Aller travailler coûte que coûte avec des jambes de plomb et sans moral, ce ne doit vraiment pas être évident. Et je suis heureuse de voir que tu as trouvé aujourd’hui un boulot dans lequel tu t’épanouis. 😊

      1. Merci Adeline d’avoir pris le temps de lire l’article en entier ! C’est vrai que quand on est élève on ne se rend pas toujours compte de ce qu’on fait subir aux profs, mais on n’est que des enfants on veut ‘s’amuser’. Je pense qu’il y a aussi une histoire d’éducation des ados dans tout ça, si on apprend qu’il faut respecter les adultes, normalement on ne se retrouve pas à prendre un prof pour son jouet, mais ce serait ignorer l’effet de groupe. Bref faut du courage pour être prof ^^.

    2. Je viens de lire ton article en entier, j’ai eu l’impression de lire ce que je vis en ce moment même. Prof d’anglais qui n’aime au final pas du tout ce qu’elle fait après seulement 2 ans et qui pense fortement à démissionner! Je ne prends aucun plaisir devant mes classes, je m’ennuie presque, j’ai quand même trois classes adorables, mais une qui me gâche la vie. J’ai l’impression d’être incapable d’expliquer certaines choses quand on me pose des questions, au final ce que j’aime c’est parler anglais et non pas l’enseigner. Et pareil, le niveau que j’ai perdu en deux ans d’enseignement est impressionnant…
      La seule chose qui me porte peine c’est de me dire qu’il faudrait peut être que je reprenne les études, malgré mon bac +5, si je veux trouver autre chose…

      1. Merci pour ton commentaire Pauline et pour avoir pris le temps de lire l’article en entier. Effectivement, d’après ce que tu racontes nos expériences ont l’air très similaires et je comprends tout à fait que tu te poses des questions. D’ailleurs tu n’es pas tombée sur cette article par hasard j’imagine. Si tu n’es pas bien dans ton métier c’est important de se poser les bonnes questions et de savoir clairement pourquoi tu veux changer. Beaucoup de profs à l’époque me disaient que la discipline s’améliore avec l’expérience et que le métier devient vraiment plus agréable quand on tient ses classes. Certes, mais cela n’enlève rien au fait que l’on pratique toujours le même anglais et que chaque année on recommence à zéro avec de nouvelles classes, mais ça tu le sais déjà 🙂 La reconversion peut faire peur et c’est normal, c’est pour ça qu’il faut y songer pour les bonnes raisons. Quitter la sécurité de l’emploi ça peut faire réfléchir, mais est-ce que la sécurité d’un emploi qui nous tue à petit feu est bien souhaitable ? Reprendre les études c’est certain que ça porte peine, surtout quand on y a déjà passé 5 ans. Et surtout, comment on finance sa reprise d’étude ? La solution la plus simple (et qui a fonctionné pour moi) c’est de reprendre les études en faisant de l’alternance, ça permet d’avoir un petit salaire et d’accumuler de l’expérience en entreprise tout en validant un diplôme. Et entre nous, tu es prof de la bonne matière, parce que quelqu’un qui parle anglais couramment, sur le marché du travail ça ne court pas tant les rues que ça ! C’est un super atout pour faire le pont avec le mode du travail dans le privé, ça m’a énormément servi et c’est toujours quelque chose que je mets en valeur, il ne faut pas s’en priver. Peut-être que tu peux regarder du côté des Ecoles de commerce pour voir si des formations en alternance pourraient potentiellement te plaire. Pour la plupart on peut rentrer directement en troisième année, ça ne fait donc que 3 ans d’études pour obtenir un master dans un autre discipline, c’est déjà mieux que 5 ans ^^ J’espère que ces pistes te seront utiles et te permettront d’y voir plus clair dans ta décision, qui au final t’appartient. N’hésite pas à me contacter si tu as des questions ou que tu veux des précisions sur comment j’ai fait ma reconversion, c’est pour ça que j’ai écrit cet article, pour partager !

    3. Je suis enseignante du premier degré. Mais je me retrouve quand même beaucoup dans ta description et ton parcours.
      5 années a des postes de remplaçante, éducatrice en internat… j’ai perdu l’envie d’enseigner. Je vais travailler sans motivation. C’est vide de sens.
      Je souhaite me reconvertir mais je n’ai pas beaucoup de soutien. Beaucoup pensent que c’est un caprice. Je perds donc la force de me battre pour partir. Que me conseilles-tu ?
      Bravo en tout cas pour le courage dont tu as fait preuve.

      1. Bonjour Solène, merci d’avoir partagé ton expérience. Trouver du soutien quand on souhaite quitter l’éducation nationale ce n’est pas toujours évident effectivement. L’aspect ‘caprice’ revient souvent c’est vrai. On entend régulièrement des choses du type :
        ‘tu verras, ça ira mieux dans quelques années’
        ‘tu vas pas démissionner maintenant, t’as étudié 5 ans pour avoir ça’
        ‘faut arrêter de se plaindre c’est pire dans privé’
        ‘t’es la moitié de l’année en vacances tu veux quoi de plus ?’
        et j’en passe…
        Ces remarques sont fondées pour la plupart, mais elles ignorent un peu le fait que certaines personnes ont besoin d’avoir un métier épanouissant pour se sentir bien. Alors oui, un métier que l’on trouve vide de sens ça peut suffire pour certains qui trouvent leur épanouissement ailleurs. Mais, selon moi, on passe quand même beaucoup trop de temps à travailler dans notre vie pour faire quelque chose qui nous ennuie profondément.
        Ta volonté de reconversion n’est pas un caprice, c’est une volonté de trouver du sens dans ce que tu fais et c’est tout à fait légitime !
        Et puis il y a plein de métiers où on n’a pas besoin de galérer 10 ans avant de s’épanouir dans ce qu’on fait je t’assure 🙂

        Quand on veut se reconvertir la meilleure façon de ne pas le regretter est de le faire pour les bonnes raisons. Donc oui, il faut faire le point et se demander si au final on ne se ment pas à soi-même et si ce n’est pas un simple caprice. Faire un petit tableau à 2 colonnes avec les pour et les contre et ajouter des arguments objectifs. Si tu te rends compte que tu veux vraiment changer de voie et que ta décision est prise, tu peux éventuellement songer à l’alternance pour effectuer une formation dans un nouveau domaine. C’est le meilleur compromis pour rester dans le monde du travail, se former et continuer de gagner un petit salaire (après 26 ans c’est une smic complet quand on est en alternance).

        Dans tous les cas, il ne faut pas avoir peur d’assumer ta décision, tu n’es pas folle ou capricieuse, tu sais simplement ce que tu ne veux pas et c’est déjà courageux d’avouer ne pas aimer son travail. C’est d’ailleurs assez bien vu par les employeurs car cela dénote une force de caractère et une aptitude au changement.

        Fais le point sur ce que tu veux, prends une décision une décision objective et ne le remets pas trop en question, si tu as cette envie de partir, c’est qu’il manque quelque chose. Reste à savoir si tu peux trouver ce quelque chose dans ton métier actuel et si tu dois aller chercher ce quelque chose ailleurs. Dans les deux cas la décision t’appartient, ne le fais pas pour les autres, fais le pour toi, c’est ta vie pro.

        N’hésite pas à m’envoyer un MP si tu as d’autres questions, je répondrai avec plaisir ^^

    4. Bonsoir, voilà deux fois en six mois que je relis votre article – prof d’anglais moi aussi, généralement très contente devant mes pious pious d’eleves, mais terrorisée par les pétages de plomb de certains parents, prêts à raconter les trucs les plus délirants pour retourner une situation et vous faire rentrer dans la gorge la punition (dérisoire) que vous avez donné à leur Kevin… le tout sans aucun soutien administratif (#pasdevagues): la fosse aux lions pour moi c’est les parents. La terreur, la boule au ventre, pleurer dans mon auto, penser qu’au fond ce ne serait pas plus mal de tout s’arrete en percutant un platane… que vous ayez vécu les mêmes sentiments destructeurs me conforte dans l’idee que ce n’est pas moi qui suis ‘anormale’, et le fait que vous auez rebondi me donne de l’espoir. La peur de la précarité financière est énorme (j’ai 35 ans et un crédit immobilier, pas encore d’enfants dieu merci) : combien de temps avez vous mis pour vous trouver la boîte et l’ecole qui vous ont prises en alternance? Six mois? Plus? Moins? Et aujourd’hui, où en êtes vous? Avez vous trouvé un job pérenne? Désolée pour ces questions très personnelles, mais je n’ai aucune marge de manœuvre financière et c’est ça qui fait que je n’ai pas encore osé sauter le pas et quitter ce métier destructeur. La vie est elle vraiment moins usante et broyeuse de moral en dehors de l’education Nationale ou bien finit on par retrouver la même chose dans le privé? Si vous avez le temps de me répondre, vous me ferez très plaisir. Merci en tout cas mille fois pour vos différents articles dont la lecture me redonne des forces quand je spirale dans l’ultra négatif.

    5. Très intéressant ton témoignage ! J’y retrouve mon expérience également.. (notamment l’impact sur la santé malheureusement).
      Plus qu’à prendre la bonne décision (démissionner), si difficile.
      Grâce à toi j’ai vu qu’on pouvait survivre à cette démission, et n’en être que plus heureux et épanoui, merci !

      1. Merci pour ton commentaire Maxime, effectivement la décision de démissionner n’est pas la plus facile à prendre mais la vie de prof n’est pas la plus facile à vivre non plus ^^ N’hésite pas à m’envoyer un message privé dans la section contact si tu as des questions, je réponds toujours avec plaisir !

    6. Votre texte confirme bel et bien les propos durs mais justes de l’inspectrice.
      Aucune remise en question de votre pédagogie, aucune générosité, aucune réflexion de fond, aucune passion, aucun enthousiasme, tout passait par la sévérité et la répression.
      Un langage constamment cynique et dépréciateur quand il s’agit de parler des élèves.
      Ce n’était pas un métier pour vous.

      1. Merci pour votre commentaire. Vous avez raison, je n’étais pas faite pour ce métier, c’est d’ailleurs pour cela que je ne l’exerce plus. Je n’ai jamais dit que les remarques de l’inspectrice étaient fausses j’ai surtout noté qu’elle n’y avait pas mis les formes. Je n’étais simplement pas animée par la passion que j’ai vue chez certains de mes collègues (mais pas tous loin de là). J’aimerais cependant répondre en ce qui concerne la sévérité et la répression dont vous parlez. Il est important de noter que c’est le seul exemple qu’on m’ait jamais donné. A l’ESPE on nous brief pour être durs et sévères pour « tenir » nos classes. D’ailleurs « tenir » une classe ne relève pas du vocabulaire de la bienveillance si vous me permettez et c’est pourtant ce que mes professeurs, tuteurs et collègues m’ont appris à faire. Le but de cet article était de partager mon expérience pour aider d’autres personnes en souffrance dans leur métier, mais je peux comprendre que ce ne soit pas votre point de vue. Au final, je suis bien contente d’avoir quitté ce métier pour trouver une autre voie qui me convient bien mieux. Bonne journée !

      2. Bonjour Super
        1. On peut dire bonjour. C’est permis.
        2. « Super » : quel beau pseudo pour s’illustrer sans se mouiller !
        3. Et si « Super » pouvait relire son texte dans un miroir ? Ça paraît urgent 😉
        Merci de m’avoir lu.
        C.B.

    7. Bonjour Madame,
      Je vous ai lu avec grand intérêt et bien que n’étant pas issu du sérail des professeurs CAPES, mais ex-professeur Ville de Paris en Arts plastiques, je me suis retrouvé dans votre propos.
      En effet, lauréat du concours PVP arts plastiques de la session 2017, j’ai moi aussi vite déchanté… Tellement vite d’ailleurs que j’ai démissionné à la fin de mon année de stage sans passer mon EFS (Évaluation de Fin de Stage), sorte d’épreuve du feu à l’issue de laquelle on est titularisé dans le corps des PVP. À la différence des profs en arts plastiques titulaires du CAPES, le corps des PVP relève de la ville de Paris pour le déroulement de la carrière et de L’EN pour les programmes auxquels nous sommes assujettis.
      De plus, nous n’enseignons les arts plastiques quaux primaires C2 et C3 des écoles elementaires parisiennes.
      Cela fait une grande différence par rapport aux profs du secondaire qui se frottent aux collégiens et lycéens…
      Et je ne parle pas que de la discipline !
      Pour autant, même dans ces conditions en apparence dorées, le tableau est bien moins idillique qu’il n’y paraît.
      Pendant l’année de stage, je n’ai quasiment rien découvert que je ne savais déjà, tout du moins pour la partie « théorique » du stage. Celle-ci était dispensée par la Direction des Affaires Scolaires de Paris (chaque jeudi tous les stagiaires de la promo se retrouvaient pour être sensibilisés aux différents aspects du métier d’enseignant).
      J’étais sur un planning de 4 jours par semaine
      (1 journée de formation théorique et 3 jours d’enseignement en école elementaire située en ZEP)…
      Pour la journée de théorie, un ou plusieurs intervenants faisaient leur speach sur des questions aussi diverses et variées que : « Comment protéger sa voix ?, Préparer une séquence en arts plastiques, Évaluer, la différenciation, les programmes de l’EN, etc… ».
      Cela n’était pas inintéressant, mais très redondant pour moi.
      Il est vrai que j’avais hyper bien préparé mon concours. J’ai été lauréat en 8eme position sur la liste principale et majeur de promo chez les hommes.
      Je me suis même offert le luxe, au passage, d’obtenir la meilleure note du concours en pratique personnelle (19,5/20)… À ma grande surprise !
      J’ai toujours été très « manuel » et malgré ma démission, je continue d’adorer les arts plastiques que je pratique toujours à titre personnel.
      Je pense que j’avais un peu trop idéalisé le métier avant de le pratiquer et je me suis très vite démotivé en cours d’année.
      De plus j’avais pour projet de quitter la région parisienne et je souhaitais changer de vie.
      Aujourdui je ne regrette pas ma décision même si je repense à mes premiers pas dans le métier de prof.
      Je continue toutefois d’enseigner les arts plastiques à temps partiel dans le privé sous contrat (très peu d’heures)…
      On m’a pourtant proposé, à plusieurs reprises, des temps complets.
      Jai toutefois toujours décliné ces offres car je préfère garder du temps libres pour mes autres activités professionnelles.
      Je précise que je suis resté fonctionnaire à la ville de Paris dans mon ancien grade d’ducateur sportif. Actuellement je suis en disponibilité et je vis dans les Alpes-Maritimes loin des tracasseries parisiennes et de la grisaille.
      Au fonds, mon expérience de prof « sur le tard » (jai 54 ans), avec ma réussite à un concours très difficile… m’aura permis de gagner en confiance en moi et de tenter un nouveau départ loin du but initial.
      Je sais que cela n’a pas été complètement négatif , car j’ai appris sur moi-même et je sais ce que je ne veux plus faire.

      1. Bonjour Colette, merci pour votre commentaire. Votre témoignage montre encore une fois le problème de la formation trop théorique des profs et le décalage entre ce que l’on apprend et la réalité. L’élément le plus déterminant dans l’enseignement n’est pas forcément la passion que l’on pour sa matière mais les élèves que l’on a en face. Je pense que vous avez raison de limiter votre temps devant les élèves si vous avez le choix, car l’enseignement doit avant tout rester un plaisir si l’on veut pouvoir travailler dans de bonnes conditions ! Bonne continuation à vous.

    8. Je suis tombé sur ton blog en cherchant les modalités pour démissionner.
      J’ai lu en entier cet article avec les larmes aux yeux tellement ca me rappelait mon vécut. La différence c’est que j’étais PE classe unique à 8 niveaux… L’aspect dont tu ne parles pas et c’est normal en secondaire c’est les parents, nous les PE nous les côtoyons bien plus et j’avoue que c’est une grosse partie de pourquoi je veux arrêter ce métier ; on a déjà zero reconnaissance et respect de la part de notre hiérarchie mais c’est la même du coté des parents.
      J’ai toujours eu un mental de « Guerrière » on m ‘a toujours dit que je ne laissais rien paraitre et effectivement je n’ai rien laisser voir mais ça m’a bouffée de l’intérieur … J’avais zero vie sociale, j’ai perdu ma joie de vivre et surtout j’ai faillit perdre mon chéri qui ne me reconnaissait plus … tout ça car je n’arrivais pas à rentrer dans ce moule parfait qu’ils nous infligeaient. L’enseignement était pour moi une reconversion à 24 ans avec tout l’espoir que ça impliquait démissionner 4 ans après c’est dur comme l’impression de s’être trompée mais aujourd’hui je suis en dispo et travaille dans le privé et je n’ai jamais été aussi bien personnellement et professionnellement que depuis que j’ai quitté l’EN.
      Alors merci à toi de nous montrer qu’on est pas seule et surtout que oui la démission peut ne pas être un choix par dépit mais bien un choix justifié et bénéfique.

      1. Merci pour ton témoignage Alicia,
        Ma mère est également PE et franchement je trouve votre métier encore plus difficile que celui de prof dans le secondaire. Une classe à 8 niveaux, c’est tout simplement un travail titanesque (et généralement donné aux jeunes instit’ qui n’ont pas encore un stock de cours d’avance…). C’est un métier qui a perdu de sa noblesse, et on le voit avec les parents qui en demandent toujours plus et qui pensent pouvoir dire aux PE comment faire leur métier. Ils n’ont pas idée du cadre déjà imposé par l’EN ^^
        Je suis contente que tu te sentes plus épanouie dans ta nouvelle vie professionnelle. Certes, tu peux avoir l’impression de t’être trompée de voie en passant par la case PE, mais tu as eu le courage de ne pas t’entêter dans quelque chose qui ne te rendait pas heureuse donc ce n’est pas rien ! Bonne continuation à toi

    9. Bonjour, je viens de lire votre message. Je me reconnais dans ce que vous avez écrit. J’ai fait le choix d’une reconversion car je voulais faire plus que mon métier de comptable dans le médico-social. Mais si faire plus c’est gérer plus les conflits entre élèves que d’aider ceux qui en ont le plus besoin … Être exténuée par la discipline car T1 en REP+ sur un poste fractionné. Oui, comme vous l’écrivez, on nous apprend pas la gestion de classe à l’INSPE … Bref ! À peine rentrée dans le métier que j’ai déjà craqué (arrêt d’une semaine) et pense à partir…
      Peut-être que le métier n’est finalement pas fait pour moi ? Peut-être que sur un autre poste ça ira mieux ? Peut-être que la démission serait pour moi libérateur ? Peut-être que je devrais commencer ma recherche d’un nouvel d’emploi ? Etc.
      Merci pour votre témoignage qui me permet de moins me sentir seule.

      1. Bonjour Eva,
        Merci d’avoir pris le temps de partager votre expérience. J’imagine que c’est assez difficile d’accepter que l’on s’est reconvertie dans un métier qui ne ressemble pas du tout à ce que l’on imaginait. Et c’est un peu la faute de l’Education Nationale et des écoles de formation qui ont tendance à balayer la discipline sous le tapis et nous vendre des référentiels et des programmes inclusifs. Sauf qu’en réalité être prof c’est plutôt être flic de nos jours il semblerait. Après une entrée rude dans le métier c’est normal de douter ou d’avoir envie de changer de voie, je le comprends. Vous n’avez pas eu droit aux conditions les plus faciles non plus ^^ Si vous hésitez à quitter le métier ou non, je pense qu’il faudrait au moins avoir vu plusieurs expérience avec différentes classes, pour voir si quand cela se passe mieux vous arrivez à apprécier le métier ou si vous sentez que vous n’avez pas l’étincelle et que ce n’est pas pour vous.
        J’ai des anciens collègues qui ont tenu le coup après les premières années difficiles et qui sont restés (quasi tous d’ailleurs, je suis l’une des seules à avoir quitté le métier). Ils sont rentrés dans leur académie au bout de 4-5 ans (peut-être pas applicable pour vous selon votre situation familiale), pas dans des établissements très prisés et très souvent en collège. Mais je pense que pour rester il faut avoir la fibre, qu’il faut réussir à apprécier le métier malgré les difficultés quotidienne, qu’il faut que la satisfaction globale soit plus fortes que les inconvénients du métier. J’espère que cela vous aide, n’hésitez à m’envoyer un message privé si besoin. Bon courage dans votre décision, j’espère que vous trouverez votre réponse !

    10. Bonjour et un énorme merci pour ton témoignage.
      Je suis tombée sur ton blog en cherchant les modalités pour démissionner de l’EN et pour voir si j’étais la seule dans ce cas, pour voir si j’étais « normale » d’avoir envie de démissionner, si ce n’était pas une fuite en avant, etc…
      Je suis également professeur de langues, mais d’espagnol, et néotitulaire cette année, dans un établissement privé sous contrat. Je me retrouve en tous points dans tes propos : je ne me sens pas faite pour ce métier, j’ai l’impression d’être une erreur de casting !
      Je me posais déjà des questions l’an passé, j’ai continué en me disant que cela devait être lié à la difficulté de l’année de stage, même si j’avais déjà au fond de moi cette certitude -refoulée. Mais cette nouvelle année a fini par conforter ma décision, bien que je sois dans un établissement agréable, avec des collègues fort sympa, mais des classes moyennement motivées et dissipées.
      Le CAPES est tellement le Graal qu’on a dû mal à prendre cette décision mais en me posant les bonnes questions je suis aujourd’hui convaincue que ma décision est la bonne.
      Pourtant, le CAPES fait l’objet déjà l’objet d’une reconversion et de beaucoup de sacrifices pour ma famille et moi (j’ai été comptable et dans la gestion et l’administratif pendant environ 10 ans), donc cette décision de tout (re)quitter est encore plus difficile, surtout quand on a des enfants et un crédit… Mais cette décision est salutaire, je sens que je me détruis à petit feu (ce qui a des répercussions aussi sur mon entourage!) et je ne suis pas sûre d’arriver à m’y épanouir même avec l’expérience et une potentielle amélioration dans la gestion de mes cours, de mes classes, de mes éval, …
      Je viens d’en parler à mon chef d’établissement et je vais pouvoir à présent formuler ma demande officielle auprès du Rectorat. J’ai lu, ci-et-là que le Rectorat était en mesure de refuser une démission, est-ce bien le cas ? Car je ne me vois pas refaire une rentrée (même à temps partiel – que j’avais demandé en décembre, cherchant déjà un moyen de me détacher de ce milieu qui ne me correspond pas).
      Merci encore pour ton article !

      1. Bonjour Aurélie,
        Merci pour ton commentaire ! J’imagine que c’est effectivement assez frustrant de devoir songer à une reconversion quand ce n’est pas la première et qu’on a tant travailler pour avoir ce maudit CAPES. Certains continuent dans une voie qui les satisfait moyennement, d’autres se reconvertissent. Certes c’est plus dur une fois qu’il y a des enfants et un crédit, mais ça ne veut pas dire que c’est impossible, et si tu es convaincue que c’est pour le mieux tu sauras trouver des solutions.
        J’avais aussi lu à l’époque que l’EN pouvait refuser une démission, je pense que c’est vrai, je n’ai jamais entendu de cas où s’est arrivé. Au final on ne leur doit rien, ils ne payent pas nos études on ne leur est pas redevable donc je ne vois pas pour quelle raison ils pourraient refuser une démission. Une chose est sûre par contre c’est que tu vas surement être convoquée plusieurs fois au rectorat pour prouver qu’ils essayent de te convaincre de rester (surtout si tu enseignes dans une région où il y a une pénurie de profs). Comme moi, tu n’as qu’a dire merci mais non merci. C’est ta décision c’est ta vie ^^ Bravo en tout de prendre ton courage à deux mains et d’accepter que cette voie n’est pas la meilleure pour toi même si tu as travaillé dur pour avoir le concours. Ce n’est qu’un concours mais c’est bien ta vie derrière ! Bon courage 🙂

    11. Bonjour Eva et merci pour ton témoignage.

      Je ne sais pas si tu consultes encore ton blog, j’ai vu que les premiers commentaires dataient de 2018 mais je tente tout de même.
      Figure toi que je suis moi aussi Auvergnate ! Je suis très bien placée pour comprendre ta souffrance et la partage grandement. En effet, titulaire du CAPES documentation depuis 2019, j’ai été envoyée à Grenoble dès mon année de stage car ayant obtenu mon concours au bout de la deuxième fois, je n’étais plus prioritaire sur l’académie et devais en changer!
      Cette première année fut pour moi une torture, je pensais disposer d’encore une année de répit avant de quitter ma région mais non… J’ai été sous anti-dépresseurs dès mon année de stage car je ne supportais pas la pression de cette année post-capes. Ces deux années de concours furent déjà si difficiles avec tant de sacrifices… On pense pouvoir commencer sa vie active mais non, on se retrouve une fois de plus infantilisé, ridiculisé. On nous parle comme à des gamins de 5ème et on nous demande de faire des travaux complètement stupides et sans intérêts au lieu de nous former concrètement au métier d’enseignant.
      J’ai donc commencé ma carrière loin de chez moi, en pleine année covid avec 450€ de salaire.
      Franchement pour un niveau Master c’est honteux.
      Je me suis retrouvée en région Parisienne l’année suivante. Académie de Versailles en collège non loin de Sarcelles. Quelle horreur. Ma cheffe était horrible, les collègues se fichaient complètement de moi car j’étais TZR. On se foutait complètent de mon statut d’enseignant.
      En effet, les Documentalistes sont profs et doivent mêmes faire cours aux élèves. Nous sommes maître d’œuvre de l’acquisition par tous les élèves d’une éducation aux médias et à l’information.
      Ce qui veut dire que c’est normalement notre rôle d’apprendre aux élèves à se protéger des écrans, à faire une recherche documentaire, à trouver et sélectionner les informations, à connaître les différents types de supports informationnels (la presse, la radio, internet, les médias…).
      Nous devons leur inculquer un esprit critique, leur apprendre à vérifier leur sources, à questionner, à chercher, à analyser, à comprendre. Et ce n’est que la partie pédagogique !
      Nous sommes également responsable du fonds documentaire et de sa mise à disposition. C’est à dire que c’est à nous de commander les ouvrages, de les réceptionner, de les cataloguer, de les exemplariser, de les estampiller, de les ranger, de les valoriser, de les prêter, de les récupérer. Bref tout le boulot d’une bibliothécaire avec le côté pédagogique en prime.
      Et justement, en prime, nous devons aussi ouvrir l’établissement sur son environnement extérieur : éducatif, culturel et professionnel. A savoir que nous devons créer des partenariats pour développer la culture des élèves, les amener au théâtre, à la bibliothèque, au cinéma, au CIO, au salons des métiers (parce que oui, on se tape aussi l’orientation…). Ouvrir leur horizons culturels et professionnels. Et j’en passe.
      Voilà ce qu’on a dans la tête lorsqu’on sort lauréat de CAPES. Sur le papier, ce métier est vraiment génial et je l’aime profondément. Mais la réalité est tout autre :
      En vrai, nous devons accueillir les élèves sur les heures de permanence parce que la perm est saturée due à l’absence de 4 profs et qu’on ne sait pas où mettre les gosses.
      En vrai quand je dis que je n’ai pas le temps de descendre à la vie scolaire à chaque heures pour vérifier si personne en permanence ne veut aller au CDI, on dit que j’exagère.
      En vrai, l’AESH qui gère le petit autiste lourd dans la salle d’à côté m’appelle pour je l’aide à le maîtriser car il fait une crise de violence et lance les chaises contre les murs.
      En vrai, on doit s’occuper des manuels scolaires en début et fin d’année, parce que « Eh oh, faut pas déconner, c’est des bouquins, c’est ton boulot ». Sauf que, non, distribuer 6 manuels scolaires par gamins, par classe et par niveau quand la moitié ne les ont pas rendus l’an dernier parce qu’ils sont partis en vacances le premier Juin, ce n’est pas mon boulot.
      En vrai Gérer les manuels scolaires alors qu’ils n’y en pas assez (de fait) pour tous les élèves et que la gestion annonce que nous n’avons pas les subventions pour les acheter, ce n’est pas mon boulot. Allez voir dans les labos de sciences s’il n’y a pas des manuels dans les placards et rappeler les élèves pour qu’ils viennent les chercher, ce n’est pas mon boulot.
      En vrai, quand je ferme le CDI aux élèves sur les heures de permanences parce que je n’ai plus le temps de travailler, que je reçois une représentante en littérature de jeunesse qui doit me vendre des livres, que je suis à l’administration pour récupérer le courrier, valider une commande ou rencontrer un parent d’élève, on dit que je ne fous rien.

      Bref, le message est passé je pense. Ce qui est le plus éreintant dans le métier de prof-doc c’est ça.
      Non, je ne fous pas rien. CDI fermé n’est pas égal à prof doc fainéant qui passe son temps à boire des cafés en salle des profs ou à fumer sa clopes (d’ailleurs, je ne fume pas).
      Quand je vois comment on nous traite, les commentaires qu’on se permet de nous faire, les étiquettes qu’on nous colle à la figure style « AED » dans une bibliothèque, je n’en peux plus.
      J’en ai marre de passer pour la branleuse de service alors que je fais partie des gens le plus présent en établissement scolaire : 30h par semaine. Et franchement 30h dans le bruit au milieu des élèves c’est long. J’en ai marre d’entendre « Ah mais t’es prof ?! ». J’en ai marre des agents qui pensent qu’on se planque dans notre CDI alors qu’on a vraiment beaucoup de travail. Et en plus le message ne peux pas passer car les gens ne sont pas au courant de ce que l’on doit faire. Les mission du documentaliste ont évolués en 2017 certes mais le CAPES existe depuis 1989 !
      Alors aujourd’hui j’entame ma troisième année en région Parisienne mais je ne vais pas la finir.
      Comme toi, je vais démissionner. J’ai vécu des situations Dantesque : des élèves qui défèquent par terre, qui tentent de mettre le feu à l’établissement, qui dessine des croix gammées sur le portail et j’en passe…
      Je ne suis toujours pas bien. Je suis toujours sous cachés, je me suis arrêtée deux fois en trois ans, à chaque fois, de plus en plus longtemps. Je n’ai franchement plus la motivation pour continuer.
      Et pour faire quoi ? Être une annexe de permanence ? Non.
      J’ai tout essayé : collège, lycée, lycée professionnel…
      Alors en 2022 je sais que le délai pour démissionner est passé de deux à quatre mois et que la plupart du temps notre démission est refusée mais tant pis, je ferai un abandon de poste.
      C’est quand même ahurissant d’en arriver là alors que la démarche en elle-même est déjà assez stressant.
      En tout cas, je vais retourner en Auvergne et comme toi, j’espère trouver un environnement de travail plus sain.
      Pardon pour la petite décharge émotionnelle mais je souhaite vraiment partager avec vous le quotidien du prof-doc.
      Merci de m’avoir lu jusque là et bon courage à tous mes collègues qui sont dans la même galère.

      1. Bonjour Charlotte, merci d’avoir pris le temps de partager ton expérience chère compatriote auvergnate. Encore une fois ce qui ressort de ton témoignage c’est le côté absolument ingrat de ce métier. Il y a vraiment un fossé entre ce à quoi on nous prépare en formation et ce qu’on doit gérer dans la réalité. C’est tellement étrange comme les formations sont ultra théoriques et ne laissent que très peu de place au côté pratique du métier. On prépare de super profs bien formatés et prêts à suivre le référentiel, sauf qu’on se retrouve bien démunis quand on arrive devant des vrais élèves qui n’en ont rien à faire des nos beaux programmes et des référentiels.
        C’est triste parce que tu as l’air d’adorer ton métier ‘sur le papier’ mais que la réalité n’est pas alignée avec ce qu’on nous vend, et c’est fort dommage. Et j’ai l’impression que cette désillusion est de plus en plus prégnante chez les profs. Quand on voit que même le fameux ‘Monsieur le Prof’ a décidé de démissionner à la fin de cette année scolaire, on se dit que même ceux qui croyaient en ce métier commencent à ne plus y trouver de sens et ça fait peur.
        En tout cas toi ta décision est prise et j’espère que l’avenir saura te guider vers une carrière professionnelle plus épanouissante (et proches de nos volcans !). Bonne continuation à toi et n’hésite pas à me contacter par message privé si tu as des questions sur la reconversions ou juste si tu as besoin de parler ^^

      2. Bonjour Charlotte. J’ai lu avec attention ton message. Je m’y suis retrouvée. En septembre 2022 j’ai quitté l’EN après 28 années de prof-documentaliste. Ce métier n’est pas ou plus reconnu à sa juste valeur. Et avec les dysfonctionnements de plus en plus présents (manque de personnels, manque de formation de certains personnels, manque de moyens, violence des élèves, de l’institution….) je pense que cette fonction de documentaliste est encore plus malmenée. On nous demande des adaptations aux problèmes d’établissement qu’on ne demanderait jamais à un enseignant d’une autre discipline.
        Dommage pour les élèves, pour les collègues, pour la société. Mais seule, on ne peut pas changer ce système défaillant.
        Un mois d’arrêt maladie en 2022 (plus que tous mes arrêts cumulés des 27 années précédentes), des insomnies, une vie sociale de plus en plus réduite. Cela a été le déclic pour quitter un milieu professionnel que je parviens maintenant à qualifier de violent, infantilisant et maltraitant.
        Si à la question  » Suis-je malheureuse/stressée d’aller au boulot ? « , la réponse est oui. Alors peut être que la meilleure solution est de changer d’emploi.
        7 mois que je suis partie de l’EN, le seul regret pour moi est de ne pas l’avoir fait plus tôt. Je pense que quand on se pose la question de la démission, c’est que le processus est déjà enclenché. La situation financière sera peut être difficile, l’entourage ne comprendra pas la décision… mais pense à toi, à ta santé mentale.
        Bon courage à toi.

    12. Merci pour cet article. Il m’a permis de me rendre compte que je n’étais pas seule dans s’être situation de vouloir démissionner avec « si peu » d’années d’enseignement (comme dirait les autres)
      Merci !

      Ps : je vous ai écrit en privé

      1. Bonjour Florine, merci d’avoir pris le temps de laisser un commentaire 🙂 je n’ai malheureusement pas reçu votre message privé je ne sais pas ce qui s’est passé ! j’ai retesté mon formulaire d’envoi de message et il fonctionne correctement, vous pouvez retenter de m’écrire si vous le souhaitez je répondrai avec plaisir !

    13. Bonjour!
      Je vois des commentaires récents alors je pousse la porte également !
      Merci pour ce témoignage, on se sent moins seul! J’ai eu un parcours plutôt privilégié dans mes choix d’établissements, mais malgré tout les classes ont pu parfois être très pénibles. On ne sent aucune reconnaissance des élèves, en fin d’année on a trois mercis sur l’ensemble de la classe, on les a amusé pendant quelques mois, et on a pas l’impression de servir à grand chose (sentiment que je n’ai pas du tout eu en soutien scolaire, là on se sent utile!!). Quant aux classes pénibles, aucun état d’âme pour une prof enceinte c’était même pire que tout… Et les parents… Vaste blague.
      Je me reconnais dans votre texte, on s’use dans les conseils de classe, dans les rendez-vous avec les parents, dans les entretiens avec les élèves, et puis on finit l’année soulagé que ça s’arrête… Et quand on regarde en arrière on se demande si vraiment y avait un intérêt. J’ai vécu aussi l’ennui évoqué, je viens faire mon cours, mais de toute façon la classe s’en fou, à part deux ou trois, et je vais devoir tirer les wagons pendant deux heures. A
      Moi aussi je me pose la question de la démission, je ne suis que vacataire et je ne suis dans l’enseignement que depuis deux ans. J’entends déjà les bien pensant « mais ça ira mieux avec l’expérience… Ça ira mieux une fois les cours établis » (je suis prof de français) « au bout de quelques années ça devient automatique… » Seulement voilà, vu les générations qui montent, pas sûr que ça s’arrange.
      En tout cas l’incompréhension et la souffrance sont bien là : on ne comprends pas la souffrance d’être face à des élèves qui se savent soutenus par leurs parents et totalement irrespectueux, intéressés… On ne comprends pas à quel point un professeur n’est pas qu’un dispensateur de connaissances, il a aussi besoin de sa classe, comme d’une équipe.
      Merci de me lire, et bonne continuation à vous ! Au plaisir!

      1. Merci pour ton commentaire Mathilde, ce n’est pas souvent qu’on me parle du manque de sens et d’intérêt dans ce métier. C’est pourtant un si beau métier paraît-il. Enseigner à la jeunesse, quelle noble cause ! Sauf que, comme tu le dis, la jeunesse elle s’en tape des cours (sauf toujours les 2-3 piou-pious trop mignons dans chaque classe c’est vrai) et on a l’impression de parler dans le vide et de ramer pour la navire entier. J’admire les profs d’aujourd’hui, ils arrivent à garder la foi en un métier qui n’a plus le sens qu’il avait autrefois. Autant faire gardien de prison si on veut passer ses journées avec des gens qui ne nous aiment pas et qui n’ont pas envie d’être là. En tant que vacataire les conditions doivent être encore pire que pour les titulaires j’imagine. En tout cas protège-toi et ta santé mentale. Si tu as lu mes autres articles sur la reconversion, tu auras vu qu’être prof n’est pas une fatalité et qu’il existe d’autres métier bien plus épanouissants. Etre prof ce n’est pas adapté à tout le monde c’est tout. On peut toujours accepter son sort et se dire que ça va s’améliorer avec l’expérience. Mais finalement on peut aussi choisir une voie qu’on ne subit pas. Je te souhaite bien du courage en tout cas et j’espère que tu trouveras un moyen d’arrêter une décision sur ta démission ou non !

    14. Amusidora, bonjour.

      Tout d’abord, un grand merci pour votre témoignage : quelques pages vécues qui valent mieux que tout un roman, pour ne rien dire d’un rapport d’académie.

      Merci, parce que vous n’êtes pas la seule à avoir dû affronter la fonction d’enseignant sans formation pédagogique adéquate. Car la didactique, si elle est utile, n’apprend pas véritablement COMMENT FAIRE cours à des enfants ni à tenir une classe « captive », à défaut d’être captivée ni par le programme ni par la gentillesse des profs.

      Nombreux sont ceux et celles qui s’y sont brûlé les ailes et le système nerveux. Bravo d’avoir envoyé bouler les antidépresseurs. C’est vrai qu’on préfèrerait des anti-chahuteurs. Une bonne niche commerciale, non ?

      Merci également d’avoir publié en toutes lettres la moyenne pour être reçu au CAPES ces dernières années. Personnellement, ça a répondu aux questions qui se posaient quant à la réussite de certains éléments ayant accédé récemment à ce qui était réputé pour être un véritable sommet ; mais là, un demi-siècle nous contemple. On croise d’autant plus les doigts pour eux.

      Pour ma part, nul en tout sauf en français-anglais, j’ai passé un bac ras les fesses il y a plusieurs décennies de ça, pour atterrir en fac d’anglais d’où, en fin de licence, et c’était encore rare à l’époque, j’ai pu rebondir en stage comme « lecteur de français » dans une « grammar school » mixte. Une année scolaire délicieuse, dans un bled paumé, en immersion britannique totale, dans un établissement très local où, grâce à un préfet des études (j’ai oublié le titre exact de cette personne chargée de l’ordre et de la discipline) et à une salle des profs extraordinaire, régnait une ferme responsabilisation de tous, et une ambiance des plus sereine et dynamique. Un régal.

      Rentré en France, je n’ai pas même pu supporter une année d’une fac qui apparaissait comme un lieu de perdition de l’esprit d’initiative ou d’inventivité (« On ne doit pas réinventer la roue »(sic)), et d’ouverture sur l’interaction réciproque prof-élève (pardon : enseignant/apprenants !-).
      Avant même d’avoir eu affaire à l’EN et à un quelconque rectorat, j’ai courageusement pris la fuite vers tout à fait autre chose … où je pourrais parler un anglais parfait ou presque… sans être noté par ma hiérarchie. Non mais !

      Donc, merci encore pour ce témoignage qui sera certainement utile à de nombreux aspirants pédagogues, quelle que soit la matière enseignée.

      Un minuscule bémol (la passion prof-essionnelle se fait obsessionnelle), si votre texte résulte d’une dictée à un robot, relire attentivement : les accords en français restent une horreur qui vaut tous les halloween !

      P.S. : où sont passées la responsabilité et l’autorité (douce !) parentales ?!

      Merci encore.
      Bonne chance et bonne(s) nouvelle(s) carrière(s) 😉

      C.B.

      1. Bonjour Christian et merci pour ce message !
        Effectivement vous avez bien fait de fuir le navire avant de vous mouiller ou de couler avec 🙂

        Au final, je crois que l’enseignement pourrait être un métier agréable si l’on pouvait être sûr de l’exercer dans un contexte comme, justement, un grammar school en Angleterre : des élèves bien élevés, des équipes bien structurées, des moyens pour enseigner (et pour sanctionner de manière efficace si besoin). Mon année d’assistanat en Angleterre reste un très bon souvenir pour moi aussi je dois dire. Mais malheureusement ce témoignage que j’ai écrit il y a déjà des années semble encore raisonner auprès de beaucoup trop de profs. Je ne regrette donc toujours pas mon choix d’avoir quitté le navire !
        Je déteste les fautes d’orthographe autant que vous mais, au vu du nombre de mots de cet article, il est fort possible que j’en ai oubliées quelques-unes par inattention, une autre relecture s’impose on dirait ^^

        Bonne continuation à vous !

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